EMIL ORLIK (1870-1932)
La personnalité et l’œuvre d’Emil Orlik sont complexes et si son côté « japonisant » est un aspect secondaire du personnage, il n’en demeure pas moins un pionnier de l’intérêt artistique occidental pour l’Extrême-Orient et il y apporte la présence de l’Europe germanique, peu intéressée par ailleurs par ce mouvement.
Né en 1870 à Prague dans une famille juive, c’est à Münich qu’il suit sa formation artistique. Il s’y lie d’amitié avec le peintre Bernhard Pankok qui l’initie à la gravure dès 1896, et avec le poète Rainer Maria Rilke, qui lui consacre un article dans la célèbre revue Ver Sacrum, organe officiel de la Sécession viennoise, version autrichienne de l’Art Nouveau que Gustav Klimt préside depuis 1898 et à laquelle Orlik adhère l’année suivante.
Mais c’est vers l’Asie qu’Emil Orlik tourne son regard en 1900, désireux d’aller découvrir le japonisme alors en plein essor. Son voyage lui permet de découvrir l’Égypte, l’Inde, Ceylan, la Chine avant un séjour d’un an au Japon, à Tokyo d’abord puis, plus profondément, à Kyoto, Kamakura, Hakone et sur l’île d’Enoshima. Soucieux de découvrir les réels secrets de l’estampe japonaise qui fascine tant les peintres européens, il est le premier occidental à apprendre la technique de la gravure sur bois, apportant opportunément ses conseils à la jeune américaine Helen Hyde qui, arrivée quelques mois après lui, poursuit les mêmes recherches. Ce séjour asiatique, qu’il renouvelle en 1912, donne naissance à des dizaines de gravures, peintures, dessins et illustrations qui le qualifient pour être un des pionniers du mouvement extrême-orientaliste.
Il n’y consacre cependant pas la suite de son œuvre et profite de sa nomination comme professeur à l’Université des Arts de Berlin en 1904 pour bénéficier d’une stabilité qui va lui permettre d’orienter sa création dans de nombreuses directions et différents modes d’expression, tout en campant les portraits de nombreuses personnalités intellectuelles du monde germanique, toujours en communion étroite avec les mouvements artistiques européens florissants de son époque.
Bibliographie :
- Meister der Zeichnung, Orlik, von Dr Hans W. Singer, Verlag Von Baumgartner Buchhandlung, Leipzig, 1914
- Chinesische Abende. Novellen und Geschichten, de Leo Greiner et illustré par Emil Orlik, Erich Reiss, Berlin, 1913
- Emil Orlik-Graphic, im Berliner Kupferstichkabinett, de Margret Schütte, Staatliche Museen Preussischer Kulturbesitz, Berlin, 1983